Telerama -
Louis Guichard
Les turpitudes drolatiques de deux ados face au sexe. C'est un drôle de pari que tentent ensemble Agnès Obadia (réalisatrice du ludique Romaine, il y a trois ans) et Jean-Julien Chervier : parler de la sexualité à hauteur d'adolescent, c'est-à-dire comme d'un sujet absolument crucial et, à la fois, en tirer un festival de gags désinvoltes, une pure comédie. Pas universalistes pour deux sous, les auteurs ont divisé le film en deux parties distinctes : fille d'un côté, garçon de l'autre, comme aux débuts de l'école républicaine. Dans la première moitié, Roudoudou, sorte de Zazie en proie à sa libido, constate avec angoisse que ses deux seins ne poussent pas en même temps, et se pâme de désir pour un trentenaire indifférent à sa virginité. Dans le second volet, Romain également puceau et obnubilé par le sexe, se persuade que sa mère et celle de son meilleur copain s'abandonnent ensemble au saphisme, et il décide de les en détourner coûte que coûte… Il y a quelques siècles, Roméo et Juliette n'étaient que sentiments et sublimation. En 2000, à l'ère du tout biologique, Roudoudou et Romain ne sont que fluides, organes, poils et pulsions subies… Grâce aux à-coups fantasques du montage (incluant des séquences animées) et à la malice d'observations éparses sur la puberté, le film marque quelques jolis points, et demeure le plus souvent aussi arbitraire et exagéré que les divagations propres à l'âge ingrat.
Le Monde -
T.S.
L'adolescence sans condescendance. Avec son titre potache, son affiche gentiment grotesque (un adolescent qui scrute avec inquiétude les profondeurs de ses sous-vêtements), Du poil sous les roses essaie d'accrocher l'attention de ce public pour l'instant monopolisé par les sergents recruteurs de Californie du Sud, sans pour autant y mettre de la condescendance, ce qui laisse le film parfaitement recommandable aux plus de dix-huit ans. Il y a dans cette démarche une intention pédagogique qui ne se dissimule pas. Les jeunes gens et jeunes filles ne devraient pourtant pas partir en courant revoir Scary Movie pour la sixième fois. Agnès Obadia et Jean-Julien Chervier veulent juste leur faire part de quelques observations, de quelques questions que la contemplations des ados contemporains leur a inspirées. C'est bien de morale qu'il s'agit, mais énoncée sur le mode burlesque. L'affection des auteurs pour leurs personnages passe par le respect évident qu'ils témoignent à leurs jeunes acteurs, qui sont souvent ridicules mais jamais dérisoires, au fil des tribulations qu'ils s'imposent dans leur quête d'identité sexuelle. Les séquences animées stylisées et gentiment délirantes, réalisées par Sébastien Laudenbach, qui illustrent les rêves de Roudoudou, allègent aussi le poids des réalités pas toujours plaisantes qu'évoque le film. Mais, au bout du compte, la présente critique plus encore que d'ordinaire, risque de ne pas servir le projet initial du film. Peut-être aura-t-on convaincu des parents qui trouveront, à la vision du Poil…, l'occasion de moquer affectueusement leurs dadais et péronnelles. Mais ces derniers, on les connaît, n'iront jamais voir un film qu'un adulte leur recommande. |