Le Monde des livres -
Franck Nouchi
Il ya des jours qui ne s'oublient pas. Une naissance, un décès, bien sûr ; mais aussi un événement considérable – l'assassinat de Kennedy, la victoire de la France à la coupe du monde de football… Tout est gravé là, dans la mémoire : les lieux, les gens,le temps qu'il faisait. Laurent Bénégui, à qui l'on doit déjà quelques jolis livres comme Au Petit Marguery (Bernard barrault, 1992 ) et Je ne veux pas être là ( Julliard, 2006), n'est, lui, visiblement pas près a voté pour Chirac, le 5 mai 2002. C'est d'ailleurs le titre de son nouveau roman, sous-titré « le livre qui intéresse 82 % des français…et ma mère ».
Ah ! Sa mère, la sympathique Mme Steinitz. Au premier tour, elle avait voté à gauche pour la première fois. Jospin.
« Dire que pour la première fois de ma vie, je vote pour un socialiste et qu'il n'est fichu de se qualifier pour la finale. En plus il se retire de la vie politique… Je lui ai collé le mauvais œil, c'est possible... »
Alors, très tôt, en ce moment du 5 mai 2002, elle a glissé un bulletin Chirac dans l'urne. « Et toi, alors ? Ca va te faire bizarre de voter Chirac, non ?
-Euh...
-Tu vas le faire, mon fils, n'est-ce pas...
-Je ne sais pas, maman... »
Sur France Info, il est 9 heures. On frappe à la porte. Cette journée s'annonce très spéciale, surtout pour l'auteur de polars Laurent Steinitz. Le 1er mai, lors de la manifestation anti-Le Pen, il avait aperçu une jeune femme d'origine asiatique d'une beauté sublime. Bien mal lui en avait pris : il avait voulu la photographier sans se douter qu'elle était un policier en civil… La porte, donc : « Bonjour, vous me reconnaissez ? »
Foudroyé. Aussitôt apparue, aussitôt disparue. Juste le temps pour Laurent de se persuader que Jade, c'est son nom, est la femme de sa vie et qu'il va lui falloir la retrouver. Quelques heures de la vie d'un amoureux fou en forme de film burlesque. Une traversée de Paris en side-car avec un frigo, une altercation avec un serveur éthylique, des scènes d'anthologie à l'hôpital Lariboisière, et pour finir à 20 heures, le dépouillement, en la mairie du 11ème, avec le maire Georges Sarre, et Jade, enfin retrouvée. Une enveloppe électorale pleine d'une poudre blanche, Laurent qui la goûte, une alerte à l'anthrax et le voilà enfermé en attendant les résultats des analyses.
On ne racontera pas la suite, hilarante, comme tout le roman d'ailleurs. Ca se lit en quelques heures, c'est on ne peut plus déjanté et délassant, le temps d'attendre les résultats d'une autre élection, cinq ans plus tard, un certain 6 mai...
Les échos - Renaud Czarnes
Laurent Bénégui est le romancier qui a écrit le plus grand nombre de fois le nom de Jacques Chirac sur une seule page : pas moins quatorze fois page 217 ! Pourtant il ne s'agit pas d'un livre politique. Le jour où j'ai voté pour Jacques Chirac, sous-titré « le livre qui intéresse 82 % des Français… et ma mère », est un roman d'amour. A moins qu'il ne s'agisse d'un livre catastrophe. Ou les deux. L'histoire qui se déroule en un jour, de 7 à 22 heures, évoque le film After Hours de Martin Scorsese. Il se trouve que Laurent Bénégui est aussi cinéaste, il a notamment réalisé Au Petit Marguery et Qui perd gagne ! Aussi les situations sont-elles très « visuelles » et l'écriture, fluide et enlevée. Un roman pour amener un peu de folie et beaucoup d'humour, à lire entre deux tours d'une élection présidentielle.
Bien dans ma vie
Le 5 mai 2002, Laurent Steinitz a connu des jours meilleurs. Son père vient de mourir, sa petite amie l'a plaqué pour aller accoucher au Mexique et, quelques jours plus tôt, il s'est fait molester par des flics parce qu'il avait pris une ravissante fille en photo. Quand on sonne à sa porte ce matin-là, il ne sait pas que la suite de sa vie en dépend. Un récit extrêmement vivant, construit comme le journal d'une journée. A hurler de rire !
L'est-Eclair – Libération Champagne
Un instant de grâce ! Un rythme effréné, beaucoup de fantaisie, un brin de poésie arrosé de droite à gauche de politique. Bref, une délicieuse comédie.
Radio nostalgie - Brice de Passe
Interview audio de Laurent Bénégui
Evene.fr - Guillaume Monier
« Dans l'urne cristalline ma voix tourbillonne comme un confetti » |